Certains veulent voir dans la Charte d’Amiens l’affirmation d’une séparation entre le politique et le syndical qui prônerait l’apolitisme comme une condition nécessaire pour défendre les droits et les intérêts des travailleurs. Pour eux, l’action syndicale s’en trouverait limitée à devoir viser la revalorisation salariale et l’amélioration des conditions de travail. De ce fait, elle devrait abandonner aux partis politiques l’élaboration et la revendication de perspectives transformatrices de l’économie et de la société. C’est une grave méprise…
Education prioritaire : le renoncement AOC, 1er février 2021 L’annonce d’une expérimentation ponctuelle limitée à trois académies cache mal une volonté de transformation globale et radicale de l’éducation prioritaire. On a tout lieu de craindre que s’ébauchent les desseins habituels des politiques scolaires libérales qui sous les couverts d’une rhétorique de la réussite et du mérite renonceront une fois de plus à une véritable démocratisation des savoirs et de la culture commune pour se suffire de quelques réussites singulières voulues pour masquer la préservation des inégalités et la reproduction des positions sociales.
Nouvelle réforme de l’éducation prioritaire : une vision très libérale de la question sociale Lettre de l’Institut de recherches de la FSU, 2 décembre 2020 Les récentes annonces de la secrétaire d’État à l’Éducation prioritaire, sous couvert d’une expérimentation limitée et dont les issues ne seraient pas encore décidées, dessinent, en réalité, la perspective d’une réforme radicale qui renoncerait à une politique nationale d’éducation prioritaire pour lui préférer des contractualisations locales. Ce n’est plus une réforme à l’aune de celles qui ont successivement transformé la politique d’éducation prioritaire depuis quarante ans, c’est en réalité la fin du modèle actuel de l’éducation prioritaire.
Le cœur du pilotage de la politique d’éducation prioritaire doit rester l’accompagnement du travail quotidien d’en seignement, accompagnement conduit dans la perspective de la démocratisation par l’analyse concertée des pratiques, le soutien au travail d’équipe, le développement des compétences didactiques et pédagogiques. Hélas, on peut fortement douter que ce soit ce qui se dessine des orientations essentielles de la politique à venir.
Privatiser la formation des enseignants N’autre école – la revue de Questions de Classe, printemps 2018, p.57-59 La revendication légitime d’une transformation de la formation ne peut être confondue avec les leurres d’une privatisation. IL en va des enjeux majeurs de l’action professionnelle enseignante et de sa centration sur les finalités émancipatrices de l’expérience collective, des savoirs et de la culture commune.
Histoire de l’évaluation des enseignants : conflits autour de l’inspection Intervention en stage SNES, mai 2017 publiée dans « Questions vives :laïcité, évaluation des enseignants », ADAPT, 2019 Je vous propose d’essayer d’observer les relations entre inspecteurs et enseignants au travers d’une focale particulière, celle des conflits, notamment ceux liés aux refus d’inspection. Je ne prétends pas faire ici œuvre d’historien et j’admets volontiers que, sur bien des points, le propos sera sommaire mais il s’agit juste de tenter d’éclairer la question des relations des enseignants avec la hiérarchie, notamment dans leur dimension syndicale.
Réussira-t-on à transformer l’inspection ? Enjeux, juin 2017 Le constat est largement partagé d’une insatisfaction quant aux pratiques actuelles de l’inspection. Les enquêtes sur le sujet font tout d’abord apparaître un malaisecaractérisé par des dispositifs et des relations jugés infantilisants et éprouvants. Elles nourrissent aussi un doute sur lacapacité de l’inspection à améliorer lespratiques enseignantes et à contribuer à la résolution des problèmes générés par une complexification croissante des exercices professionnels. Elles appellent clairement à engager des évolutions. La réforme qui se mettra en œuvre à la rentrée prochaine sera-t-elle de nature à permettre le dépassement des difficultés actuelles ?
Évaluation des enseignants : un débat nécessaire Ecole Emancipée, mars 2017 Réussir cette transformation des cultures professionnelles qui rende possible que l’évaluation s’éloigne de ses travers actuels et soit pensée pour servir les ambitions émancipatrices et égalitaires du service public national d’éducation.
La rentrée scolaire 2019 est loin d’avoir été « pleinement inclusive » ! Carnets Rouges, n°18, janvier 2020
Quelques mois après la rentrée scolaire, le bilan de l’inclusion est loin de répondre aux promesses ministérielles du mois de juin. L’école ne dispose toujours pas des moyens nécessaires à la mise en œuvre de scolarités adaptées aux besoins qui seraient capable de garantir l’effectivité des apprentissages scolaires dans les perspectives d’une inclusion sociale et professionnelle.
Vouloir raisonner la scolarisation des enfants handicapés Carnets Rouges, n°15, janvier 2019 « Que le droit à l’éducation constitue un droit absolu, sans limites, exige justement que nous soyons capables de réfléchir celles de l’inclusion. A défaut de quoi nous prendrions le risque de renoncer à l’effectivité de l’éducation pour satisfaire une idéologie irraisonnable de l’inclusion. »
Pour une inclusion raisonnée revue du CERFOP, n°31, novembre 2016 « Sans doute, quelques-uns accuseront cet article de freiner l’élan avec lequel notre société affirme sa volonté de lutter contre l’exclusion. Peut-être même l’accuseront ils de porter des idées réactionnaires et ségrégatives. Ils se trompent : il n’a d’autre volonté que celles d’une lutte pour l’égalité. Il interroge seulement l’idéalisme des discours pour lui préférer le matérialisme d’une action sociale mesurée à l’aune de la réalité de ses effets. Et c’est pour cela qu’il ne peut suffire de décréter l’inclusion et que nous devons la raisonner. »
Pour une inclusion raisonnée Psychologie et éducation, 2015-2, juin 2015 Intervention au Forum des RASED
« L’inclusion raisonnée est la condition de l’accès à l’égalité citoyenne. Elle refuse l’analyse binaire qui décréterait qu’il faudrait choisir entre inclusion et exclusion parce qu’elle affirme la nécessité de construire, dans la réflexion commune des professionnels et des parents, le parcours le mieux adapté possible aux besoins réels, quitte à ce que parcours doive faire le choix de différer ou de réduire l’inclusion scolaire. Et cela pour faire des choix guidés par les finalités et ne pas se contenter de nourrir des illusions en cédant aux demandes immédiates. Cela demande des moyens capables de répondre aux besoins éducatifs et thérapeutiques, cela demande des personnels d’accompagnement formés et plus nombreux. Cela demande un véritable investissement dans la formation des enseignants. »
Crise du travail enseignant Revue Travail au futur, n°9 mars 2022 La politique éducative ne cesse d’imposer des transformations dont les enseignants subissent le coût sans jamais en percevoir d’effets positifs ni sur leur vie professionnelle, ni su les ambitions qualitatives du système scolaire.
Le fonctionnaire et la déontologie : éthique ou management? Colloque des psychologues de la FSU, 25 novembre 2021 Sous un discours éthique, l’invocation croissante de la déontologie n’est-elle pas davantage guidée par une stratégie de renforcement du pouvoir hiérarchique que par l’intérêt général ?
Contrôle, interêt général et démocratie : l’exemple de l’inspection dans l’Éducation nationale dans Martine Boudet (coord.), SOS Ecole Université : pour un système éducatif démocratique La fonction d’inspection dans l’Éducation nationale pose, comme toutes les fonctions hiérarchiques de l’administration, la question de la cohérence politique entre le contrôle des services publics et leur fonctionnement démocratique. Force est de constater que l’idéologie néolibérale a progressivement transformé les conceptions du contrôle administratif pour les acculturer aux modes de fonctionnement de l’entreprise privée, ceux du management et de l’exercice du leadership. Cette mutation s’est parée d’un discours de modernité qui se donne les atours de la liberté, de l’autonomie et de l’initiative. En réalité, la déréglementation et la personnalisation des pouvoirs offrent un cadre particulièrement propice aux mises en œuvre autoritaristes. Dans un tel contexte, comment peut-on repenser l’exercice de l’autorité hiérarchique au sein des services publics ?
Pourquoi la demande institutionnelle est-elle devenue insupportable? Pourquoi suscite-t-elle des questions si complexes à résoudre qu’elle donne le sentiment d’une perte de sens de l’activité professionnelle?
Agir entre responsabilité et conviction Inspecteur aujourd’hui, janvier 2020 La vision d’un hiatus fondamental entre une éthique de la conviction une éthique de la responsabilité est une construction idéologique dont il est essentiel de comprendre les enjeux. A vouloir enfermer le fonctionnaire dans une conception de la responsabilité qui se confondrait avec la seule application de consignes, est-on sûr de contribuer au mieux aux finalités essentielles du service public d’éducation, celles de la démocratisation de l’accès aux savoirs et aux qualifications?
Rémunérer les enseignants au mérite ? AOC [Analyse Opinion Critique] 6 décembre 2019 La rémunération au mérite des enseignants, et plus largement des fonctionnaires, fait aujourd’hui figure de doxa. Elle paraît en effet frappée du sceau du bon sens, en ce qu’elle constituerait un facteur indéniable de motivation pour les professeurs, profitant ainsi au système scolaire dans son ensemble. Et pourtant, nombre d’études scientifiques prouvent le contraire. Une telle mesure témoignerait, en réalité, d’une méconnaissance profonde des logiques d’engagement propres aux agents de la fonction publique.
Nouvelles cultures managériales Rencontres FSU : « Bougeons l’École », Lurs (04), 6 octobre 2018 Comment le néo-management modifie les cultures de l’encadrement et transforme les principes fondamentaux d’organisation de l’action publique dans une perspective d’ouverture du marché scolaire et de transformation des statuts ?
Nouveau management : quelles évolutions dans la hiérarchie du service public de l’Éducation nationale ? Paru dans l’ouvrage collectif : Nouveau management public et éducation, ADAPT, 2018 Sous ses prétentions rationnelles, le néo-management finit par fragiliser les fondements même de l’action publique. Il en résulte un apparent paradoxe : malgré une incessante invocation de la performance, le système s’enferre dans sa difficulté majeure à permettre une véritable démocratisation de l’accès aux savoirs et à la culture commune.
Action publique éducative : mesurer l’essentiel ? Carnets Rouges, n°12, janvier 2018 L’usage d’indicateurs dans la gouvernance de l’action publique revendique une double perspective d’amélioration des services rendus aux usagers et de maîtrise des coûts. Il s’inscrit dans une culture du résultat qui, à en croire ses promoteurs, constituerait la garantie des finalités fondamentales de l’action publique en permettant de définir des priorités stratégiques et d’en mesurer les performances mais qui en réalité ne résout aucune des tensions entre la réalité et les idéaux égalitaires.
Des vertus présumées de la nouvelle gouvernance Inspecteur aujourd’hui, n°87, mars 2014 La nouvelle gouvernance est loin d’avoir fait la preuve des vertus qu’elle était censée distribuer dans nos administrations. C’est pourquoi nous continuons à porter un regard critique sur ses perspectives et à revendiquer que d’autres valeurs guident la réforme des organisations administratives.
Loyauté Inspecteur aujourd’hui, n°72, juin 2010 La loyauté ne se résume pas à un concept univoque qui constituerait le prétexte d’une conception autoritariste de la hiérarchie. Elle ne peut se penser que dans la tension dialectique de la garantie du droit d’opinion du fonctionnaire et de la nécessité démocratique de la neutralité de l’enseignement.
Carnets Rouges n°14, octobre 2018 Alors que l’autoritarisme ministériel de Jean-Michel Blanquer prétend se fonder sur les vérités incontournables d’une science qui serait capable de déterminer avec certitude l’action professionnelle des enseignants, il est sans doute utile de se pencher sur les idées de ceux qui, il y a maintenant un siècle, affirmèrent pour la première fois la volonté de fonder une pédagogie scientifique. Car ils ne le firent pas pour légitimer une prescription méthodologique mais, tout au contraire, pour libérer l’éducation des conceptions traditionnelles de dressage et de conditionnement.
La science peut-elle produire une évidence pédagogique? Regards croisés, mars 2018 Au cœur du métier de l’enseignant, le travail didactique suppose l’acceptation d’une complexité, d’une insatisfaction permanente, d’un renoncement à la méthode idéale pour permettre, à la croisée des résolutions pratiques et des élaborations théoriques, une analyse continue des relations entre élèves et savoirs capable de conduire des adaptations incessantes. C’est cette compétence là qu’il faut soutenir, y compris par les productions de la recherche scientifique plutôt que de leurrer les enseignants sur les effets miraculeux de quelques procédés et la réassurance offerte par quelques vérités fragmentaires.
Science et pédagogie : déformations et impostures Agir pour l’École et le programme PARLER Médiapart, 23 septembre 2017 Quand l’argument de la validation scientifique apparaît à nouveau comme une stratégie de communication pour défendre des choix idéologiques sans que réellement on puisse en tirer quelque conclusion que ce soit pour légitimer les méthodes prônées.
Science et pédagogie : déformations et impostures L’expérimentation Alvarez Médiapart, 7 septembre 2017 Résumons-nous : la prétendue assise scientifique de la méthode Alvarez ne repose que sur les ambiguïtés entretenues de ses discours. À un tel degré de persévérance de l’ambiguïté, y compris en constatant ses effets sur les discours journalistiques, on ne peut croire raisonnablement qu’il s’agisse d’une erreur. Il n’est pas exagéré de parler d’imposture.
Les vérités de Jean-Michel BLANQUER Médiapart, 5 juin 2018 L’école que défend le ministre est loin d’être guidée par la seule objectivité des choix. Elle porte un projet idéologique et politique particulier auquel des citoyens peuvent ou non adhérer mais qu’il est inquiétant de vouloir caractériser comme incarnant la vérité ! Il convient donc de douter des vérités de Jean-Michel Blanquer.
Espérances banlieues Médiapart, 25 octobre 2021, 7 septembre 2017, 2 avril 2017, Trois billets de blogs pour mieux comprendre ce ce que sont les écoles d’Espérance banlieues. Derrière une promesse égalitaire et une affirmation de réussite … des écoles au service d’un projet de « reconquête chrétienne des banlieues » …
Écoles de l’endoctrinement Enjeux, n°251, mars 2018 Allons-nous laisser se développer des écoles où l’endoctrinement de jeunes enfants est possible? Récemment une enquête a montré que cela pouvait aller jusqu’à des proximités entre une école et des mouvements considérant Hitler comme le « plus grand bâtisseur social » ! Sans doute de telles extrémités ne concernent pas toutes les écoles hors contrat mais elles témoignent de ce qui est possible, lorsqu’au nom de la liberté l’État renonce à ses prérogatives de contrôle pourtant légitimement fondées dans son devoir de protection des enfants et notamment ceux qui découlent de l’article 14 de la Convention des Droits de l’Enfant.
Loi Gatel : une réelle avancée? La proposition de loi de Françoise Gatel adoptée mercredi par le Sénat permettra-t-elle une avancée notable dans le contrôle des écoles hors contrat ?
Lutter contre l’endoctrinement des enfants, c’est contrôler le privé hors-contrat… La réglementation actuelle est inopérante pour lutter contre des volontés manipulatrices destinées à endoctriner des enfants. Elle doit être renforcée et la proposition de loi qui sera examinée mercredi reste bien timide au vu des dangers que représente une liberté d’enseignement sans contrôle qui serait investie par des idéologies qui sont nettement plus liberticides qu’un contrôle réglementaire.
Attention danger : mise en cause de la scolarité obligatoire Médiapart, 13 mai 2017 Des écoles alternatives osent désormais affirmer que l’obligation d’instruction constituerait une forme de maltraitance contre laquelle il conviendrait de protéger les enfants !
Fillon : le retour du chèque-éducation? Médiapart, 8 avril 2017 L’engagement de François Fillon pour le financement du privé hors contrat, sans en définir précisément les modalités, ouvre à nouveau les perspectives du chèque éducation.
Soft skills : pour l’école du bonheur et de la croissance Carnets Rouges n°24, janvier 2022 L’importance croissante donnée aux compétences comportementales prétend changer la donne d’une réussite scolaire et sociale que l’on affirme désormais fondée sur la révélation des talents et l’épanouissement des potentialités. Elle prétend en finir avec l’élitisme des savoirs et des diplômes en éduquant aux « compétences douces » qui ouvriraient les portes du bonheur et de la croissance !
École du futur de Macron : le plus inquiétant n’est pas le plus visible AOC, Analyse.Opinion.Critique, 13 septembre 2022 L’école pour former à la résilience sociale. « Comme pour l’ensemble des perspectives éducatives macroniennes, le projet est sans ambiguïté, celui d’un asservissement de l’éducation aux nécessités d’adaptation, de mobilité, de flexibilité qui sont désormais les stratégies d’une économie fondée sur une rentabilité immédiate. La référence à une promesse républicaine d’égalité n’est plus qu’une formule rituelle dans une perspective scolaire telle que nous aurions peine à l’imaginer autrement que marquée par des inégalités toujours plus exacerbées. »
Ce jour-là bien des choses changeront … Carnets Rouges n°21, janvier 2021 Entretien : « Je ne sais plus par quel conseil ou par quel hasard, je me suis retrouvé devant le texte que Lucien Sève avait écrit dans l’Ecole et la Nation où il affirme que les « dons » n’existent pas. J’ai seulement le souvenir que sa lecture fut essentielle pour l’enseignant peu expérimenté que j’étais.. »
Savoirs et culture commune contre les ségrégations Enjeux, n°261, novembre 2019 « C’est parce qu’elle est la condition de l’émancipation intellectuelle, culturelle et sociale que la laïcité doit faire taire les discours de ségrégation qui font le lit des pires exclusions réactionnaires et racistes et des plus fortes inégalités. »
La question des inégalités scolaires : y a-t-il une fatalité ? Intervention aux Rencontres de l’Éducation du CIDEFE, Montreuil (93), 23 octobre 2018 » […] Il n’est donc pas question de renoncer mais de comprendre que sans cesse, l’école se trouvera confrontée à ce dilemme : constater son impuissance au sein d’un ordre économique où la domination des classes privilégiées ne cesse de s’accroître mais aussi porter l’espoir de la force émancipatrice de la connaissance et de la culture commune et ainsi vouloir que l’école soit le ferment d’un changement des conditions sociales et porte l’espoir d’une transformation égalitaire. »
Émanciper par la culture et les savoirs Carnets rouges, n°13, mai 2018 La vision d’une école capable de construire une société égalitaire par la démocratisation des savoirs et de la culture commune pourrait passer pour une illusion impuissante face au constat d’une fonction scolaire dominatrice et reproductrice, servant essentiellement la conservation d’un ordre social et la valorisation du capital culturel dominant. Même si nous ne pouvons évidemment pas prétendre le faire hors des normes culturelles dominantes, nous ne devons cependant pas renoncer aux perspectives émancipatrices de l’école en défendant la capacité de chacun à construire une pensée, à élaborer une représentation du monde forgée par la connaissance, à faire usage d’une raison critique capable de questionner les préjugés.
Éduquer à la liberté, à l’égalité, à la fraternité Regards Croisés n°23, septembre 2017 Pour un collégien vivant dans une banlieue pauvre, la valeur républicaine d’égalité s’inscrit trop souvent dans le doute, l’inquiétude ou le sentiment d’injustice. Quelles certitudes pourraient le convaincre du contrat social, pourraient le résoudre à renoncer à sa liberté absolue et à son strict intérêt individuel pour leur préférer les devoirs d’une communauté politique capable de garantir les droits qui naissent de ces devoirs .
Les leurres de la bienveillance avec Christine PASSERIEUX Carnets Rouges n°10, mai 2017 L’éducation positive ne se préoccupe guère de la compétence didactique. Elle feint d’ignorer que la difficulté d’un élève à apprendre ne peut s’expliquer par le seul fait d’une estime de soi insuffisante. Non pas que l’apprentissage ne s’inscrive pas aussi dans des processus psychologiques mais qu’il reste avant tout une élaboration intellectuelle. Or la bienveil- lance du maître ne peut y suffire. Qu’elle constitue une condition favorable, ne lui permet en rien de faire l’économie de l’essentiel, c’est-à-dire de la construction didactique de la situation d’apprentissage. À défaut, la plus généreuse des bienveillances ne peut rien face à une difficulté résistante. Et répéter à un élève que vous le croyez capable de réussir sans lui donner la possibilité effective de cette réussite ne peut apparaître que comme le pire des paradoxes d’une volonté de bienveillance.
Dialectique de la liberté pédagogique et de l’intérêt général Carnets Rouges, n°7, juin 2016 C’est dans une vision dialectique qu’il faut chercher à trouver les équilibres, non pas dans la fixation d’une frontière de la liberté enseignante mais dans la reconnaissance que cette question ne peut procéder que d’un jeu dynamique dans lequel les acteurs, y compris en fonction de leurs rôles institutionnels spécifiques, recherchent en permanence l’équilibre entre liberté pédagogique et intérêt général.
En finir avec le pédagogisme? Médiapart, 30 mai 2017 Jean-Michel Blanquer annonce vouloir en finir avec le pédagogisme. Pour quelqu’un qui avait annoncé vouloir transcender les clivages stériles, la période de volonté conciliatrice aura été bien courte. Car l’opposition binaire qui enjoint aux enseignants de se ranger soit du côté des « pédagogiques », soit du côté des « républicains » est une opposition stérile.
A qui profite le discours outrancier sur l’école? A propos du livre de Carole BARJON : Qui sont les assassins de l’école? Mediapart, 24 septembre 2016 La dualité entre le laxisme pédagogique et le conservatisme républicain est une invention de polémistes qui ne permet en rien de comprendre les enjeux des débats de politique scolaire, parce qu’elle les enferme dans leurs extrémités idéologiques sans être aucunement capable de rendre compte de l’immense complexité des conceptions enseignantes et de sa conséquence sur les pratiques professionnelles.
Les fantasmes d’une éducation spontanée par les désordres de la vraie vie Médiapart, 3 janvier 2016 Une image diffusée, depuis quelques jours, sur les réseaux sociaux pour dénoncer les écarts entre l’ordre scolaire des disciplines et la « vraie vie » : l’école y est représentée par une image d’ordre : tout est classé, rien ne se mélange, rien ne déborde. La vie au contraire éclate de mélanges, de débordements, de dégoulinures. La vraie vie, quoi!
Se méfier des mythologies de l’éducation positive Médiapart, 17 octobre 2015 Éducation positive, discipline positive, évaluation positive … La positivité envahit le discours pédagogique enjoignant à l’école une mission de réussite heureuse basée sur la bienveillance, l’harmonie des relations et le bonheur des apprentissages.
Méfions-nous de l’usage si répandu de la notion de bienveillance… Intervention en stage FSU, Bordeaux, 14 octobre 2014 « Je n’ai pas l’intention ici de contester que la qualité de la relation avec les élèves soit un objet de travail nécessaire et une condition de leur réussite. Je ne nierai pas non plus que la réflexion et la formation soient indispensables pour améliorer certaines pratiques professionnelles insuffisamment préoccupées de ces questions. Je voudrais juste interroger l’émergence subite et omniprésente de ce concept de bienveillance »
Peut-on enjoindre aux enseignants d’innover ? Inspecteur aujourd’hui n°102 , décembre 2017 L’innovation est désormais affirmée par beaucoup comme une nécessité qualitative du travail enseignant et une condition indispensable pour en assurer le progrès. Pourtant rien ne montre que l’innovation soit systématiquement capable de porter la réussite des élèves au point qu’elle fonderait la légitimité d’une injonction institutionnelle à innover.
La question du numérique à l’école doit rester une question didactique Regards Croisés n°22, juin 2017 D’aucuns, considérant que le numérique porterait en soi les vertus d’une efficacité intangible, voudraient le considérer comme l’opportunité fondamentale d’une meilleure démocratisation des savoirs. Douter que cette opportunité puisse porter un changement de paradigme qui, par essence, faciliterait les apprentissages, ne peut évidemment être confondu avec une position de refus global qui condamnerait l’usage numérique à l’école. Mais pour autant constitue-t-il une révolution dont la nature nous contraindrait à remettre en question fondamentalement les conceptions de la transmission et de la construction des savoirs ?
Sorties de classe Apple Médiapart, 17 décembre. 2016 Pouvons-nous laisser une entreprise privée instrumentaliser les élèves du service public aux fins d’un intérêt commercial particulier?
L’affirmation de la neutralité du fonctionnaire ne peut suffire à rendre compte de sa relation au politique. Seule une vision dialectique capable de prendre en compte sa responsabilité citoyenne peut garantir un service public fondé sur les principes de la démocratie.
Dans sa dernière lettre d’informations, le service juridique du ministère se livre à un commentaire d’un arrêt du Conseil d’État qui donne une interprétation des plus discutables du principe légal de « liberté pédagogique »
Sous un discours éthique, l’invocation croissante de la déontologie n’est-elle pas davantage guidée par une stratégie de renforcement du pouvoir hiérarchique que par l’intérêt général ?
Définie dans le cadre légal du respect des programmes et des instructions, la liberté pédagogique est la condition d’un enseignement de qualité permettant l’émancipation sociale et intellectuelle par les savoirs et la culture commune.
Comprendre les fondements de la liberté pédagogique pour asseoir les droits des fonctionnaires comme une garantie nécessaire de la démocratie.
Défendre la liberté pédagogique Contrepied, Hors série n°25, octobre 2019, p.34-35 Revenir sur les fondements de la liberté pédagogique pour contester les tentations coercitives actuelles et leur substituer le respect de l’indépendance des savoirs et de la professionnalisé des enseignants.
Des finalités ambiguës de l’exemplarité dans l’article 1 de la Loi Blanquer Carnets rouges n°17, octobre 2019 L’article 1er de la loi pour l’école de la confiance a introduit l’exigence d’exemplarité des enseignants comme principe dans le code de l’Education. D’aucuns pourraient considérer que cette exigence ne procède que d’un élémentaire bon sens, l’éducateur devant donner l’exemple des valeurs qu’il cherche à transmettre. Mais peut-être-on croire que la seule intention de cet article soit de légiférer un principe éducatif?
Dialectique de la liberté pédagogique et de l’intérêt général Carnets Rouges, n°7, juin 2016 seconde publication dans Dialogue GFEN, n°173, juillet 2019 C’est dans une vision dialectique qu’il faut chercher à trouver les équilibres, non pas dans la fixation d’une frontière de la liberté enseignante mais dans la reconnaissance que cette question ne peut procéder que d’un jeu dynamique dans lequel les acteurs, y compris en fonction de leurs rôles institutionnels spécifiques, recherchent en permanence l’équilibre entre liberté pédagogique et intérêt général.
Loyauté Inspecteur aujourd’hui, n°72, juin 2010 La loyauté est désormais un terme d’usage fréquent pour qualifier ce que doivent être les relations hiérarchiques. Son emploi reste cependant très équivoque.
Les obligations des fonctionnaires sont motivées par l’égalité Mediapart, 23 décembre 2018 Il est plus que jamais nécessaire d’aider les agents à garantir leurs droits car ceux qui affirment que l’existence de l’obligation de réserve suffirait à justifier toute contrainte hiérarchique réduisant le droit d’opinion des fonctionnaires commettent un abus de pouvoir.
Obligation de réserve : la retenue n’est pas le silence Médiapart, 17 décembre 2018 Une vision dialectique des droits et des obligations du fonctionnaire est une garantie démocratique. Dans l’éducation, elle protège les élèves d’une volonté politique ou idéologique qui instrumentaliserait l’école. C’est pour cela que l’obligation de réserve ne doit jamais confondre la retenue et le silence.
Peut-on enjoindre aux enseignants d’innover ? Inspecteur aujourd’hui n°102 , décembre 2017 L’innovation est désormais affirmée par beaucoup comme une nécessité qualitative du travail enseignant et une condition indispensable pour en assurer le progrès. Pourtant rien ne montre que l’innovation soit systématiquement capable de porter la réussite des élèves au point qu’elle fonderait la légitimité d’une injonction institutionnelle à innover.
Droits et obligations des fonctionnaires : revendiquer la liberté légale d’expression Mediapart, 14 août 2017 De récents débats sur les réseaux sociaux et quelques articles dans la presse spécialisée ont soulevé à nouveau la question des obligations des fonctionnaires quant à leur expression publique sur les blogs et les réseaux sociaux. Si certaines réactions font preuve d’une recherche objective du droit, d’autres témoignent de confusions que ce billet tente de dissiper.
Pourquoi les évaluations CP posent problème? Médiapart, 29 aout 2022 A la critique des évaluations CP est souvent opposé un argument simple : où est le problème si ça permet aux élèves d’apprendre ? Petit résume des problèmes …
Apprentissage de la lecture : les stratégies d’une reprise en main Carnets Rouges, mai 2021 A l’occasion de la publication de « Apprendre à lire : une pratique culturelle en classe« , affirmer à nouveau que nous ne pouvons nous contenter de considérer l’élève comme un déchiffreur qu’on félicite pour les progrès de sa fluence parce que nous voulons lui permettre, dans les pratiques collectives de la classe, une aventure intellectuelle dont il pourra jouir des vertus libératrices »
Apprentissage de la lecture : un choix politique Enjeux, mars 2021 A l’occasion de la publication de « Apprendre à lire : une pratique culturelle en classe« , affirmer à nouveau que nous ne pouvons nous contenter de considérer l’élève comme un déchiffreur qu’on félicite pour les progrès de sa fluence parce que nous voulons lui permettre, dans les pratiques collectives de la classe, une aventure intellectuelle dont il pourra jouir des vertus libératrices »
Programmes « Agir pour l’école » : seul le doute devrait s’imposer ! non publié, juin 2018 Le ministère affirme désormais que les programmes d’Agir pour l’Ecole « divisent la difficulté scolaire par deux » mais la réalité de leurs effets est pourtant bien différente. Si les études ont montré que la méthode parvenait à renforcer les compétences spécifiques sur les habiletés qu’elle entraînait intensivement, aucune recherche scientifique n’a jamais établi qu’elle ait un effet bénéfique à terme sur la compétence de lecture. Une bonne raison de ne pas accepter d’être contraints à les mettre en oeuvre.
Prédicat : démocratiser la maîtrise de la langue n’est pas un problème de catégorisation grammaticale Carnets Rouges n°10, mai 2017 La polémique qui a cru pouvoir juger de la qualité de l’enseignement de la langue française autour de la question du prédicat est révélatrice des difficultés que nous rencontrons lorsqu’il s’agit de penser l’enseignement de la gram- maire dans un pays où les réactions passionnelles sur le sujet font souvent fi de la question essentielle, celle de la finalité de cet enseignement à l’école.
Mais qu’est-ce qu’apprendre à lire ? Médiapart, 8 juillet 2018 Agir pour l’École assure que ses programmes intègrent le travail de la compréhension mais de quelle compréhension s’agit-il ?
Programme «Parler»: des enseignants témoignent Médiapart, 2 mars 2018 La mise en œuvre des programmes «Parler» par l’association Agir pour l’École (APE) soulève de nombreux problèmes que la communication officielle continue à taire pour ne témoigner que de l’enthousiasme et de la réussite des élèves. La réalité est sensiblement différente. Des enseignants en témoignent.
Et si le ministre tirait les véritables leçons de PIRLS ? Médiapart, 6 décembre 2017 PIRLS 2016 nous confirme, une fois de plus, que les difficultés de l’école française dans l’apprentissage de la lecture n’ont rien à voir avec la méthode globale et ne se résoudront pas dans une centration exclusive de l’activité d’enseignement sur les questions grapho-phonologiques.
Science et pédagogie : déformations et impostures (2) « Agir pour l’école » et PARLER Médiapart, 23 septembre 2017 Quand l’argument de la validation scientifique apparaît à nouveau comme une stratégie de communication pour défendre des choix idéologiques sans que réellement on puisse en tirer quelque conclusion que ce soit pour légitimer les méthodes prônées.
Science et pédagogie : déformations et impostures (1) l’expérimentation Alvarez Médiapart, 7 septembre 2017 La prétendue assise scientifique de la méthode Alvarez ne repose que sur les ambiguïtés entretenues de ses discours. À un tel degré de persévérance de l’ambiguïté, y compris en constatant ses effets sur les discours journalistiques, on ne peut croire raisonnablement qu’il s’agisse d’une erreur. Il n’est pas exagéré de parler d’imposture.
Les évaluations CP : graves questions sur leur usage Médiapart, 14 septembre 2017 Le ministère demande aux enseignants de CP de mettre en œuvre des évaluations nationales. Leur but est diagnostique et doit permettre aux enseignants d’organiser les apprentissages en fonction des besoins des élèves. Ces évaluations posent de multiples problèmes.
Pourquoi relancer les débats sur la lecture ? Mediapart, 25 juin 2017 Un récent séminaire à destination des inspecteurs a relancé les récurrents débats sur la place respective du code et du sens dans l’apprentissage de la lecture en insistant sur la maîtrise du code, au nom d’un retour nécessaire aux fondamentaux.
Les vérités de Céline Alvarez Mediapart, 1er septembre 2016 Ce matin sur France Inter, Céline Alvarez en appelle à la révolution pédagogique, affirme que l’éducation n ‘est pas une question de moyens et continue à décrire son expérience en termes de réussite de tous les élèves ...
Quand l’obligation scolaire renonce à sa finalité égalitaire… Regards croisés, n°28, décembre 2018 L’histoire de l’obligation scolaire voit se succéder des enjeux de nature sensiblement différente au cours des XIXème et XXème siècles où la démocratisation de l’accès aux savoirs obéit tantôt à des motivations politiques de transformation sociale, tantôt à des préoccupations plus pragmatiques de gestion du système scolaire. Mais où se situent les finalités de l’obligation voulue par Emmanuel Macron pour la rentrée 2019 ?
Transformer l’école maternelle? AOC [Analyse, Opinion, Critique], 3 juillet 2018 https://aoc.media Alors que s’ouvre à Nancy le Congrès de l’AGEEM ( l’Association générale des enseignants des écoles et classes maternelles publiques), le rôle dévolu à l’école maternelle reste l’objet de vifs débats. Derrière le volontarisme affiché du ministre de l’Éducation nationale, l’instrumentalisation de la fausse querelle entre «socialisation» et «apprentissage» empêche une véritable réforme.
École maternelle : sérieux doutes au lendemain des assises… Médiapart, 29 mars 2018 A en croire notre ministre, il y aurait eu au travers de ces assises un moment historique, une prise de conscience que l’école maternelle « ne doit pas opposer épanouissement et connaissances ».Mais qui aujourd’hui défend une telle opposition ? En tout cas, pas les programmes de 2015 dont il est évident qu’ils sont fondés sur cette double préoccupation de l’adaptation aux jeunes enfants (et des volontés d’accueil, d’accompagnement, de réponse aux besoins, de mise en valeur qu’elles présument) et de la mise en œuvre d’apprentissages (et des ambitions intellectuelles comme des mises en œuvre didactiques qu’elles supposent).
De la pertinence de la scolarisation à deux ans… Médiapart, 11 février 2018 Pour le ministre de l’Éducation nationale, l’école pour les deux ans n’est pas une solution pertinente… Faut-il se ranger derrière cet avis qu’il prétend fondé sur le pragmatisme ?
Cyrulnik et la maternelle… Médiapart, 10 janvier 2018 Petite exégèse d’une interview parue dans Ouest France, le 6/01/2018
Science et pédagogie : déformations et impostures (1) l’expérimentation Alvarez Médiapart, 7 septembre. 2017 La prétendue assise scientifique de la méthode Alvarez ne repose que sur les ambiguïtés entretenues de ses discours. À un tel degré de persévérance de l’ambiguïté, y compris en constatant ses effets sur les discours journalistiques, on ne peut croire raisonnablement qu’il s’agisse d’une erreur. Il n’est pas exagéré de parler d’imposture.
Les vérités de Céline Alvarez Médiapart, 1 septembre 2016 Ce matin sur France Inter, Céline Alvarez en appelle à la révolution pédagogique, affirme que l’éducation n ‘est pas une question de moyens et continue à décrire son expérience en termes de réussite de tous les élèves ...